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peintures-évenement, haut scandale, ô réjouissance

Publié le par Marie Castillo

Dans son ouvrage intitulé le scandale dans l’art, Pierre Cabanne explique que le scandale n’est pas nécessairement le fait d’agitateurs, de révolutionnaires, d’extrémistes asociaux », les artistes y participent également. L’œuvre d’art est également susceptible de remettre en question l’équilibre de la société, l’ordre établi et la morale acquise. Elle semble ainsi concourir à la contestation sociale, faisant avancer l’art pour certains, marquant son échec pour d’autres. Dans biens des cas toutefois, la passion suscitée au sein du public et des critiques ne doit rien à une quelconque intention préméditée de l’artiste. Il reste que l’étonnement, la passion, la surprise ou l’indignation ont quelconque chose de fécond en étant à la source d’une interrogation renouvelée sur le sens de l’art, des choses et même de la vie.

Visitons quelques œuvres majeures au gré d’une flânerie au cours des siècles pour mesurer l’ampleur et la profondeur du scandale, loin de la doxa pour laquelle il faudrait s’écrier : malheur à l’homme par qui le scandale arrive.

 

 

 

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Peinture celibrissime de Véronèse faisant écho aux noces de Cana à la composition architecturale monumentale à l’antique inspirée de Venise, le repas chez Levi (1573) a d’abord été nommé la Cène en référence au tableau de Léonard de Vinci. Les contemporains se sont demandés si cette peinture représentait la trahison de Judas ou l’eucharistie. Dans un climat difficile marqué par la contre-reforme, Véronèse a été soumis à la question : que signifiaient donc les hommes armés représentés sur son tableau ? Qui avait assisté à la cène selon lui ? Véronèse : « nous les peintres prenons des libertés comme les poètes ».. »Je crois que le Christ était accompagné de ses apôtres », mais dans la mesure où il restait de la place, je l’ai remplie de figures comme on me l’a commandé.

 

 

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Dans ce possible auto-portrait du maître, on peut voir le scandale de la carnation. Echo irresistible au petit bacchus à la posture provoquante, la peau transpirant une sueur verdâtre inconvenable.

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En représentant la mort de la vierge (1605-1606) déclinaison de la dormition, le peintre nie l’assomption, scandale religieux  amplifié par la rumeur d’une pêche non moins miraculeuse, celle du modèle, le cadavre d’une prostituée dans les eaux du Tibre. Un blasphème.

 

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La ronde de nuit de Rembrandt (1642) a été commandée par la compagnie des arquebusiers. Selon les canons de l’époque, on s’attend à une représentation égalitaire des commanditaires. Le peintre n’a pas respecté ce principe, faisant également le choix de représenter des personnages presque en déroute dans l’incapacité de maîtriser leurs coups de fusil. En prenant cette liberté, Rembrandt perd la confiance des commanditaires, la bourgeoisie de son temps.

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La maja vestida de Goya (1800) ne serait en rien sulfureuse si elle ne faisait écho à la maja desnuda alors que le nu est interdit en Espagne par l’inquisition.

 

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Autre scandale autant pictural que politique le radeau de la Méduse de Géricault (1819) marque les esprits. Au-delà du fait divers, celui d’un naufrage et de l’abandon de passagers à leur triste sort, La Méduse incarne le scandale des corps étendus, de la chaire exposée, des cadavres en décomposition. Sur le plan technique, le style tourmenté et sombre de Géricault ne plaît pas aux critiques et au public. Et puis, il y a peut-être aussi de la part de l’artiste une critique humaniste sous-jacente. Pour Michelet, Géricault peint son radeau et le naufrage de la France. Il navigue seul, poussé par l’avenir…c’est une allusion à la fin de la politique coloniale de la France. En effet, au sommet de cette composition pyramidale, un homme noir fait signe vers le lointain (secours en vue) au lieu d’être en fond de cale, faisant signe d’une aspiration à l’égalité des races. Géricault n’a certainement pas été insensible aux débats de fond qui divisent la societé française sur cette question alors que s’affirme le mouvement pour l’abolition de la traîte.

 

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Pour Courbet, le scandale est une posture : « pour se faire connaître, il faut du scandale, le jour où je ne serai plus contesté, je ne serai plus important ». Dans un enterrement à Orans, Courbet choisit de peindre une scène rarement représentée, une scène de vie à la manière hollandaise sans la sublimer comme il aurait été d’usage. La composition est marquée par un trou béant au centre qui signifie la finitude de la vie. Pour les contemporains, les personnages peints par Courbet sont laids. Ils scandalisent pour cette raison. On y voit aussi des socialistes, catégorie politique et sociale honnie par la bourgeoisie commanditaire qui ne se reconnait pas dans ce tableau.

 

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Le tableau intitulé les demoiselles des bords de Seine (1856) est surnommé le scandale des scandales par la critique pointant le procès de la prostitution (les deux femmes représentées sont en effet des prostituées) qui choque la morale bourgeoise.

 

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Dans la baigneuse (1853), le traitement de la chaire rappelant Rubens est loin du nu académique et provoque le scandale de la laideur amplifié par celui de la morale (la servante regarde a maîtresse avec désir). Pour Courbet il faut voir et peindre les corps tels qu’ils sont, avec réalisme.

 

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Dans la même veine, le déjeuner sur l’herbe de Manet (1863) s’inscrit dans la tradition du concert champêtre de Titien. Le nu domine. La prostitution en filigrane.

 

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Impression au soleil levant de Monet est considéré par les critiques comme une œuvre inachevée car produite par touches successives. Le bleu domine avec quelques tâches orangées, en contrepoint. Au centre, on peut voir une barque noire. Choix de couleur osé. Selon le traité des couleurs de Chevreuil, le noir n’étant pas une couleur, il doit être banni de la palette du peintre. Mais pour Monet le noir est la décomposition d’un faisceau lumineux et doit avoir sa place dans son œuvre.

 

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Quand Rodin expose l’âge d’airain, la critique et le public crient au scandale de l’imposture. Rodin s’est inspiré de l’antiquité (Théogonie d’Hésiode) pour donner la vie à son œuvre au point que le peau de la statue semble presque palpable. Pour les critiques, refusant de reconnaître le talent de l’artiste, la statut résulterait d’un moulage sur corps.

 

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En réalisant la fontaine (1917), Marcel Duchamp a choisi d’illustrer un sujet trivial. Les contemporains y voient à juste titre un urinoir. Duchamp y voit la prédominance du concept. Le peintre a en effet le pouvoir de dire que ce qu’il fait est de l’art. Le pouvoir du concept de l’art est plus grand que celui de la réalisation. C’est au public de rendre l’œuvre artistique. Celle-ci doit en tant que telle être exposée dans un espace culturel.

 

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LHOOQ, Joconde à moustache répond à une réflexion sur le statut de l’art, la Joconde, est devenue un mythe au point que l’on ne la regarde même plus. Marcel Duchamp cherche à la démystifier.

 

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Avec la merda d’artista de Piero Manzoni (1961), on comprend que plus c’est scandaleux, plus c’est cher. In fine, on peut vendre ce que l’on veut.

 

 

 

 

 

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