même la pluie de Iciar Bollain
Une équipe de tournage espagnole s’installe à Cochabamba dans le centre de la Bolivie aux portes de l’Amazonie avec l’intention de filmer l’histoire du prêtre dominicain Bartolome de la Casas sur fond de conquête des Indes occidentales sous le conduite de C. Colomb. Bartolome de la Casas fut engagé toute sa vie dans la défense des Amérindiens. Souvenez-vous de la controverse de Valladolid face à Sepulveda sur l’âme des indiens brillamment scénarisée par Jean-Claude Carrière ?
Confrontée à ses contradictions historiques et morales sur les bienfaits et les méfaits de la colonisation, l’Espagne peut aujourd’hui pointer quelques figures atypiques in situ mais profondément universelles par leur sens de l’humanité. Bartolome de Las Casas en fait partie. Aborder l’histoire de la conquête en soulignant son engagement a évidemment une dimension fortement redemptrice et rassurante.
Mais voilà que l’histoire filmée fait place à la réalité sociale et politique contemporaine des amérindiens boliviens. Sébastian, le réalisateur et Costa le producteur disposent d’un budget serré pour le tournage et cherchent à recruter des figurants, à moindre coût – 2 dollars la journée alors que le film doit dénoncer la spoliation et l’exploitation des Amérindiens. C'est ironique. On peut se demander dans quelle mesure la pauvreté est l'héritage de la colonisation. Mais ce n'est pas le propos du film.
La situation se complique quand éclatent des tensions sociales relatives à la privatisation de l’eau. Le figurant principal s’engage dans des manifestations à Cochabamba suivi par de nombreux autres. Il met de la sorte la production en péril. Alors que l’équipe du tournage quitte la ville en émeute, Sébastian et Costa, bouleversés, demeurent sur place…impliqués.
Le racisme ordinaire a priori surprenant des élites sociales et politiques boliviennes vis-à-vis des amérindiens dénoncé dans le film est tristement bien réel. Il explique en partie le virage politique opéré avec l’élection de E. Morales comme président.