Ayni veut dire amitié pour les Aymaras
Durant toute sa vie, chaque couple reçoit et offre aux autres familles son aide pour les travaux agricoles ou l'organisation des événements festifs, moyennant une forme institutionnalisée de réciprocité bilatérale appelée l'ayni. Dans ce cas les familles qui appuient celles qui sont dans la nécessité recevront leur aide quand l'occasion se présentera.
Jacqueline Michaux montre le lien de cette structure à la valeur produite que nous nommons l'amitié. Elle décrit d'abord l'ayni comme une réciprocité bilatérale, puis elle reconnaît dans la réciprocité la matrice de la valeur éthique de référence pour les Aymara :
« L'ayni est plus qu'un mécanisme d'obtention de valeurs matérielles. Moyennant le donner et recevoir, deux familles créent un lien affectif qui perdure et surpasse la satisfaction des besoins matériels immédiats. Aider une famille durant les semailles, la récolte ou lui donner des cadeaux de nourriture et de boisson pour une fête, engendre une affectivité partagée qui s'exprime par le terme chuyma. La chuyma est le signifiant de la conscience affective de l'être humain, qui s'accroît toute la vie jusqu' à être complète dans la vieillesse ». (Territorialidades andinas de reciprocidad : la comunidad, dans : Las estructuras elementales de la reciprocidad, Tari, Plural Editores, 2003, La Paz, Bolivia, texte repris de " Ayllu aymara y reciprocidad " Revista Iberoamericana de Autogestión y Acción comunal n° 35-36-37, Valencia, España).