La duchesse de Langeais
A grandeur, grandeur et demi, car pour la femme, chez Balzac, ça donne ça : morceaux choisis :
…la joie de la religieuse n eut pas ce caractere de grandeur et de gravite qui doit s organiser avec les solennites du Magnificat ; elle lui donna de riches, de gracieux développements, dont les différents rythmes accusaient une gaité humaine. Ses motifs eurent le brillant des roulades d une cantatrice qui tache d exprimer l amour, et ses chants sautillerent, comme l’oiseau, près de sa compagne. Puis, par moments, elle s’élançait par bonds dans le passé pour y fôlatrer, pour y pleurer tout à tour. Son mode changeant avait quelque chose de désordonné comme l agitation de la femme heureuse du retour de son amant. Puis après les fugues flexibles du délire et les effets merveilleux de cette reconnaissance fantastique, l’âme qui parlait ainsi fit un retour sur elle-même. ..
…une jeune femme fut passagèrement le type le plus complet de la nature à la fois supérieure et faible, grande et petite, de sa caste. C était une femme articiellement instruite, réellement ignorante ; pleine de sentiments élevés, mais manquant d’une pensée qui les coordonnât, dépensant les plus riches trésors de l’âme à obéir aux convenances ; prête à braver la société, mais hésitant et arrivant à l’artifice par suite de ses scrupules ; ayant plus d’entêtement que de caractère, plus d’engouement que d enthousiasme, plus de tête que de cœur ; souverainement femme et souverainement coquette, Parisienne surtout ; aimant l’éclat, les fêtes ; ne réfléchissant pas, ou réfléchissant trop tard ; d’une imprudence qui arrivait presque à de la poésie ; insolente à ravir, mais humble au fond du cœur, affichant la force comme un roseau bien droit, mais comme ce roseau, prête à fléchir sous une main puissante ; parlant beaucoup de la religion, mais ne l’ aimant pas , et cependant prête à l’accepter comme un dénouement…(La Duchesse de Langeais, Histoire des Treize).
C'est quand même mieux que melle Gaymard...